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Taxe d'habitation : ce qui se cache derrière l'agitation menée par le Front et le Parti de la France

Publié le par redskinhead de France

marine-le-pen-guignol.jpegNous avons consacré nombre d'article à la réalité des programmes fascistes sur la question sociale en général.
Mais parfois un petit exemple est aussi utile qu'une étude détaillée des prises de position du Front National ou des autres formations fascistes, surtout, quand dans la pratique, cet exemple constitue un thème de mobilisation récurrent des fascistes sur le terrain social.

C'est le cas en ce qui concerne l'agitation menée par le Front localement, mais aussi par le Parti de la France de Karl Lang dans le Nord autour de la taxe d'habitation. Agitation qui a entraîné une manifestation conjointe de la droite et de l'extrême-droite, ayant réuni plusieurs centaines d'habitants, dont de nombreux foyers modestes à Tourcoing le 4 novembre.

 
 
La taxe d'habitation est un impôt qui ne correspond pas à un statut économique particulier , le fait d'être propriétaire ou une entreprise, ou d'exercer une activité dans un certain domaine. Il est uniquement lié au fait de vivre dans une commune , et c'est chaque commune qui en fixe le montant, celui-ci étant calculé selon la valeur locative du logement dans lequel on vit. Et ce qu'on occupe ce logement comme locataire, comme propriétaire ou à titre gratuit.
 
Pour les prolétaires, c'est un impôt dont le mode de calcul reflète bien le caractère de classe de l'Etat , prétendument neutre : un habitant d'une commune ne règle absolument pas un montant proportionnel à ses ressources, bien au contraire.
D'abord parce que la valeur locative du logement n'est que très rarement réévaluée, les calculs se référant à des données datant du début des années 70. Depuis les quartiers ont bien changé, mais un HLM devenu totalement pourri peut très bien être toujours considéré comme ayant plus de valeur locative qu'un appartement à Neuilly.
De plus , une famille modeste se saignant aux quatre veines pour payer son loyer dans un logement pourri et trop petit pour elle , pourra très bien payer la même taxe que la famille voisine, beaucoup plus aisée, qui vit dans un logement rénové.
 
Ensuite, la taxe d'habitation est souvent plus élevée dans les villes riches que dans les villes populaires. Pourquoi ? Tout simplement parce que certaines communes aisées ont bien plus de ressources disponibles au travers d'autres impôts et taxes , notamment sur les plus values immobilières, et ménagent leurs électeurs...A l'inverse les villes populaires se fondent beaucoup sur cet impôt pour se financer ( ce qui ne signifie pas évidemment qu'elles redistribuent l'argent dans le social...)
 
 
Depuis très longtemps, la bataille pour le non-paiement de la taxe d'habitation par les prolos a été menée par des syndicats, des collectifs de chômeurs et précaires, à partir de mobilisations locales fondées sur une revendication globale : la taxe d'habitation, telle qu'elle est est injuste, et c'est un impôt qui ne doit pas frapper les catégories sociales modestes. Combat de classe, mené aussi bien au travers de l'entraide pour les demandes d'exonération individuelles, que d'actions autour de nombreux dossiers. C'est une lutte qui a souvent uni au quotidien des retraités et des précaires, des chômeurs isolés et des familles nombreuses, contre des élus locaux, de droite comme de gauche, dont nous sommes doublement victimes dans un mécanisme qui ne fait que s'amplifier sous prétexte de crise : d'un côté la taxe d'habitation augmente « pour renflouer les caisses des collectivités locales », et la payer est de plus en plus dur, de l'autre on prétexte le vide de ces mêmes caisses pour diminuer les prestations sociales communales ou départementales.
 
Les fascistes dans tout ça ? Depuis qu'ils se sont auto-proclamés défenseurs des « petits », ils ne se contentent plus de ce qu'ils ont fait pendant des années, à savoir faire de la rhétorique contre les impôts en général, liberticides, servant à nourrir de prestations sociales indues les étrangers et les fainéasses bien de chez nous, notamment les chômeurs.
La critique de l'impôt dans les années 90 et 2000 était par exemple chez le Front National axée autour d'une propagande libérale et pro-patronale. Ainsi, c'est à Nîmes , ville ou l'électorat du Front est très aisé, qu'avaient et qu'ont toujours lieu des campagnes pour la suppression des impôts locaux jugés exorbitants, et de manière générale , le Front militait surtout pour alléger la charge des entreprises, notamment en qui concernait la taxe professionnelle.
Mais aujourd'hui, c'est le prolo qu'on a envie de séduire : alors brusquement, on parle au Front comme au Parti de la France, avec des trémolos dans la voix, du poids intolérable que fait peser la taxe d'habitation sur « tout le monde ». Et l'on tente comme dans le Nord, de mobiliser largement pour la suppression de la taxe d'habitation, notamment dans les quartiers populaires, en espérant ainsi concurrencer ou remplacer collectifs et syndicats, là ou la lutte de classe ordinaire a été désertée.
Pourquoi pas, s'il s'agit de supprimer une charge pour les ménages ouvriers et modestes ?
Tout simplement parce que ces ménages seront les dindons d'une farce qui vise uniquement à avantager les plus riches, et à leur permettre de se désinvestir totalement du financement obligatoire de la collectivité.
Qu'exigent les fascistes ? La baisse globale des impôts locaux, voire la suppression de certains d'entre eux. Evidemment, dans un premier temps, les pauvres n'en paieront plus non plus si c'était le cas.
Et dans l'immédiat, on peut très bien imaginer des mobilisations locales interclassistes organisées par les sections fascistes locales qui aboutissent à l'exonération immédiate pour un certain nombre de dossiers concernant la taxe d'habitation.
Mais ensuite ?
 
Cette agitation a un seul objectif, rendre populaire le programme fasciste concernant les impôts : celui-ci a été détaillé par Marine Le Pen, par exemple en avril 2011, dans ses documents de travail programmatiques. Il vise à supprimer la taxe foncière, et à la fusionner avec l'ISF. La taxe foncière est payée par l'ensemble des propriétaires, et ne concerne pas les locataires. Dans ce programme, également, l'impôt sur les sociétés serait profondément revu, pour permettre un taux d'imposition beaucoup plus bas pour les entreprises « françaises », pour les PME, bref pour la majorité du patronat.
Autre point du projet : la réduction drastique des dépenses des Conseils Généraux, dont Marine Le Pen pointe l'augmentation. Le Conseil Général depuis les lois de décentralisation est une instance déterminante pour les droits des classes populaires, notamment en cas de chômage ou de difficultés de la vie quotidienne. C'est lui qui gère le RSA et l'Allocation Parent Isolé, mais aussi tous les fonds liés à l'Aide Sociale à l'Enfance, par exemple, l'attribution d'aides exceptionnelles quand on ne peut plus subvenir aux besoins quotidiens des gamins, ou qu'on doit acheter un bien nécessaire mais couteux pour un petit budget, comme une poussette ou un frigo. Le Conseil Général s'occupe aussi de la gestion de l'APA, destinée aux personnes âgées à petits revenus, et qui leur permet d'avoir quelques maigres heures d'aide à domicile.
Depuis des années, tous ces droits ont été attaqués par les capitalistes , grâce notamment à la mise en œuvre de la décentralisation : l'Etat ne paye jamais l'intégralité des budgets du RSA ou de l'APA aux départements. Ceux-ci de gauche comme de droite, prétextent cette situation et la crise pour adopter des budgets d'austérité et réduire sans arrêt ces droits, tout en augmentant sans cesse les subventions aux entreprises , directes ou indirectes par la prise en charge d'une partie des salaires au travers des emplois aidés.
bonimenteur.gifLes mobilisations fascistes contre les impôts locaux ne sont rien d'autre qu'un accompagnement et une amplification de cette politique dirigée contre les prolos : la baisse des impôts locaux POUR TOUS sera une nouvelle manière de laisser dans la poche des riches et des exploiteurs ce qui y est déjà, pendant que les exploités se feront reprendre dix fois ce qu'on leur aura octroyé une fois, c'est à dire l'éventuelle suppression de la taxe d'habitation. L'argument de la caisse vide sera utilisé pour supprimer les derniers droits existant au niveau régional, local, départemental.
Ce n'est pas un hasard si les fascistes se retrouvent avec l'UMP pour exiger cette baisse générale des impôts locaux dans certaines villes du Nord, une région où le maigre filet social existant conditionne la survie de beaucoup d'habitants, qui oscillent entre chômage et contrats précaires sous payés.
Voilà le programme social des fascistes et ses conséquences à très court terme...rien à voir évidemment avec le combat de classe qui se mène depuis des années pour exonérer les classes populaires de la taxe d'habitation.
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