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DRAPEAU ROUGE ET QUESTION NATIONALE I. Introduction

Publié le par redskinhead de France

 

DRAPEAU ROUGE ET QUESTION NATIONALE

 

Un débat s’engage souvent entre les tenants français de la science marxiste sur la véracité et le bien-fondé des mouvements de libération nationale (par la suite abrégé en mln), notamment au sein du territoire françaiscomme les mouvements basques, bretons et corses, à titre principal.

Ce débat pourrait se focaliser encore sur d’autres régions sollicitant l’autonomie de manière moins virulente sur la scène politique comme c’est le cas de la Savoie et de l’Alsace ou ce que l’administration bourgeoise nomme les DOM.

La question est de savoir si d’un point de vue matérialiste et dans les cas qui nous préoccupe plus particulièrement (la situation française métropolitaine) les mln n’entravent pas la bonne lisibilité de la nécessaire révolution prolétarienne en se focalisant sur des luttes régionalistes et chauvines petites bourgeoises. Est-il nécessaire de faire passer le fanion corse, basque, breton avant le drapeau rouge que tout mlm doit vouloir voir triompher ?

L’interrogation est délicate, elle force à repenser la problématique du nationalisme au sein du mlm et de mouvements se revendiquant de la science marxiste et ainsi de la cohérence de la révolution prolétarienne sur un territoire nationalement déterminé. Dans des cas litigieux de ce type l’enseignement de Mao est le suivant :

« Mettez les problèmes sur le tapis. C'est ce que doivent faire non seulement le «chef d'escouade», mais aussi les membres du comité. Ne faites pas de critique par derrière. Dès qu'un problème se pose, convoquez une réunion, mettez-le sur le tapis, discutez-le, prenez des décisions, et le problème sera résolu. Si des problèmes existent, mais ne sont pas mis sur le tapis, ils resteront longtemps sans solution, et pourront même traîner des années durant » (Citations, éditions en langue étrangères, Pékin, 1966,p. 121)

Le débat est sérieux, aussi pour ne pas être taxé de quelque qualificatif que cela soit, il sera fait place ici à d’importante citations, parfois longues reprenant le point de vue ml sur cette problématique complexe.

Mao Zedong nous avait prévenu : « L’opposition et la lutte entre conceptions différentes apparaissent constamment au sein du Parti ; c’est le reflet, dans le Parti, des constructions des classes et des contradictions entre le nouveau et l’ancien dans la société. S’il n’y avait pas dans le Parti de contradictions et de lutte idéologiques pour les résoudre, la vie du Parti prendrait fin » (Citations, p. 288).

Dans l’ensemble des citations suivantes, c’est nous qui soulignons.

***

L’équation semble simple au départ sur du papier et les conclusions hâtives affluent : seuls les mln-ml peuvent être soutenus par les mlm. A ce propos Mao Zedong écrit : « Regarder d’un seul côté des choses, c’est penser dans l’absolu, c’est envisager les problèmes métaphysiquement. » (Citations, p. 242) Néanmoins souvent le flou prédomine : les objectifs locaux –dits nationaux- brouillent les données et ne voit-on pas ainsi certains mln-ml faire alliance avec eux autour d’une union sacrée que serait l’émancipation d’un peuple opprimé et rendre ainsi par exemple hommage à un combattant de la cause tombé alors que ce dernier était manifestement engagée dans une lutte politique réactionnaire si ce n’est fasciste.

Lénine nous apprend dans la Maladie Infantile du Communisme, (chap.4) que le compromis est parfois nécessaire. Néanmoins, ce compromis doit servir la lutte politique et l’idéologie du point de vue marxiste. Interrogeons nous donc : est-ce le cas lorsque qu’Emgann, organisation issue plus ou moins du ml, rend hommage à un combattant martyr de la libération du peuple breton, profondément engagé dans une voie réactionnaire ?

N’y a-t-il pas ici opportunisme ? N’y a –t-il pas ici chauvinisme ? Qu’est-ce qui doit primer ? L’émancipation régionale ou la victoire du drapeau rouge ? Si c’est la victoire du drapeau rouge qui prime doit-on célébrer ses ennemis ? Doit-on oublier la lutte des classe ne serait-ce qu’un instant pour l’indépendance de sa nation ?

Mao Zedong écrivait :« …dans les rangs de la révolution, il est nécessaire de tracer une ligne de démarcation entre ce qui est juste et ce qui est faux, entre ce qui est succès et ce qui est insuffisance, et, de plus, de discerner lequel des deux l'emporte.(…) Dans l'examen d'un problème, nous ne devons jamais oublier de tracer ces deux lignes de démarcation, celle qui sépare la révolution de la contre-révolution et celle qui sépare les succès des insuffisances. Gardons présentes à l'esprit ces deux lignes de démarcation, et ça ira bien, sinon nous confondrons la nature des problèmes. Naturellement, pour tracer correctement ces lignes, il est indispensable de faire d'abord une étude et une analyse minutieuses. Notre attitude à l'égard de chaque personne et de chaque question doit être l'analyse et l'étude. » (Citations, p. 131).

Réfléchissons donc avant de procéder à un jugement de valeur à l’emporte-pièce : Le mouvement communiste doit être international, par son essence même, par l’union du prolétariat mondial. Chaque parti (ou organisation ml) mène sa propre lutte sur un terrain national. Ceci amène un danger : l’opposition artificielle des intérêts nationaux et des intérêts internationaux. Certains camarades aveuglés par un nationalisme petit bourgeois se figurent que leur lutte est singulière par rapport à l’exigence internationaliste du mouvement communiste et que la lutte nationale possède la primauté.Néanmoins, le maoïste inscrit dans un mln doit avoir en tête que si son mouvement existe réellement, c’est dans la lutte de classe :

« Dans la société de classes, chaque homme vit en tant que membre d'une classe déterminée et il n'existe aucune pensée qui ne porte une empreinte de classe » (Citations, p. 10)

et que sa lutte nationale est avant-tout une lutte de classe, que son positionnement sociétal est liée à la lutte des classes. Mao Zedong soulignait

« Lutte de classes — certaines classes sont victorieuses, d'autres sont éliminées. Cela, c'est l'histoire, l'histoire des civilisations depuis des millénaires. Interpréter l'histoire d'après ce point de vue, c'est ce qui s'appelle matérialisme historique ; se placer à l'opposé de ce point de vue, c'est de l'idéalisme historique » (Citations, p. 9).

Mao le disait d’ailleurs à propos de la lutte des noirs des Etats-Unis, comme l’avait déjà fait remarqué Lénine : « La lutte nationale est, en dernière analyse, une lutte de classe» (Citations, p. 11). Se faisant, libérer une nation risque de voir la classe bourgeoise réactionnaire et chauvine l’emporter.

 

Commenter cet article
J
<br /> Ne pensez-vous pas que l'aspect de classe et l'aspect géographique (avec éventuellement une question nationale, s'il y a une langue, une culture etc.) se recoupent quelque part ? Regardez la carte<br /> de France de la pauvreté, du revenu par habitants etc. : http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1162&reg_id=0<br /> Après tout, la lutte des classes c'est souvent banlieue contre centre-ville, vous êtes d'accord ? Alors, dans un sens n'y a-t-il pas des "régions-banlieue" et un "centre-France" ? Est-ce un hasard<br /> si c'est quand même au Nord (dont vous êtes je crois) et au Sud (dont je suis) qu'on "trouve les rouges" (même si beaucoup d'entre eux voient encore "de la lumière" au PCF... et rentrent) ?<br /> Et revendiquer le ch'ti, l'occitan, le breton ou le corse, n'est-ce pas une manière de mettre en avant ce qui nous sépare de l'ennemi (avec son français de l'Académie) ? A Marseille, on est ainsi<br /> très fiers du "parler" (à base de provençal, d'italien, de castillan, d'arabe etc.)<br /> <br /> <br />
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